le reflet dans un miroir, qui ouvre les portes d'un monde imaginaire enchanté ; diverses sensations physiologiques (notamment l'olfaction et l'ouïe) qui se combinent et composent un univers idéal. Mais il peut se borner à entonner « le cantique muet que chante le plaisir » (Femmes damnées - Delphine et Hippolyte). IV "Nous avons vu des astres (...)"V - Et puis, et puis encore ? Très rares sont ses contemporains à soutenir Baudelaire. Dans le mystique Harmonie du soir, il assouplit la formule du pantoum, basée sur une stricte répétition. La poésie contemporaine reste imprégnée d'un romantisme où, dans la foulée de Jean-Jacques Rousseau, la Nature consolatrice, miroir des états d'âme, joue un rôle essentiel. Son aptitude à concevoir des représentations mentales n'offre donc rien de surprenant. Ajoutez-le à votre liste de souhaits ou abonnez-vous à l'auteur Charles Baudelaire - Furet du Nord cette fervente dédicace ne suscitera pas la gratitude de Théophile Gautier. Quelques-uns se signalent toutefois par leur longueur : Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Curieux jusqu'à l'angoisse, il cherche à en percer le mystère et à voir au-delà. Ainsi équipé, du spleen et de l'idéal, ces souvenirs de pas grand chose m'accompagneront à la tournée des bistrots. Il est mélomane - on sait sa passion pour les opéras de Richard Wagner. Il faut sans doute entendre le Mal dans toutes ses acceptions : l'une des plus anciennes pièces du recueil, écrite vers 1841 - Baudelaire, les Fleurs du mal, Le Livre de poche, page 362. probablement la plus ancienne pièce du recueil. Le gouffre est cet abîme sans fond où l'on tombe avec une indicible angoisse, sans aucun espoir d'en remonter (De Profundis clamavi ; Je te donne ces vers afin que si mon nom ; L’Irremédiable), « l'escalier de vertige » intérieur (Sur « Le Tasse en prison » d'Eugène Delacroix). Thème cher aux poètes romantiques, le soleil couchant inspire à Baudelaire sept poèmes empreints d'une vision personnelle. On trouve le poème « la muse malade », qui indique bien que Baudelaire reconnait au morbide quelque beauté. C'est par la loi du 25 septembre 1946[11] qu'est créée une procédure de révision des condamnations pour outrage aux bonnes mœurs commis par la voie du livre, que le Garde des Sceaux peut entamer sur demande de la Société des gens de lettres. Elles feront date et inspireront de nombreux poètes ultérieurs. « Son front de marbre avait l'air fait pour le laurier » (Les Petites Vieilles) ; Toutefois, il ne méconnaît pas la fluidité de l'octosyllabe, qu'on rencontre dans deux poèmes sur dix (voire plus, si l'on prend en compte les formes composites). Deux autres procurent un relatif apaisement (La Lune offensée) ou un endormissement temporaire (La Fin de la journée). Baudelaire le montre : Baudelaire cite trois de ses prédécesseurs. le dégoût du mal — et souvent de soi-même ; l'aspiration à un monde idéal, accessible par de mystérieuses, Lettre de Charles Baudelaire à l'impératrice Eugénie lui demandant d'intervenir afin que soit diminuée l'amende dont avaient été frappées. «Les Fleurs du mal» est un mélange détonant : cadeau empoisonné. Il ne comporte que cinq poèmes, tous dédiés au vin, ce « grain précieux jeté par l'éternel Semeur, / Pour que de notre amour naisse la poésie / Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! 3/6/3 « - Si ce n'est, par un soir sans lune, deux à deux » (Brumes et pluies) ; L'image hypnotique du soleil rayonnant sur l'océan revient à quatre reprises (La Vie antérieure ; Le Balcon ; Chant d'automne ; Le Voyage). (...) Maintenant, j'ai toujours le vertige. Les correspondances définissent ces moments privilégiés qui permettent de passer d'un monde à l'autre. Jésus-Christ apparaît sept fois (Les Phares ; Le Mauvais Moine ; Châtiment de l'orgueil ; Le Reniement de Saint-Pierre ; Le Couvercle ; L'Examen de Minuit ; Le Rebelle). « Du souvenir », il « cueille la fleur exquise » (Le Parfum). Extrait texte du document: « Les Fleurs du Mal – Présentation en 3 minutes : Les Fleurs du Mal est un recueil poétique précurseur du Symbolisme publié par Charles Baudelaire, poète moderne et incompris en 1857, sous le 2nd Empire. Du même esprit morbide procèdent « ces bains de sang qui des Romains nous viennent » (Spleen III) et « de grands seaux pleins du sang et des larmes des morts » (Le Tonneau de la haine). En célébrant la ville, il ouvre une voie nouvelle. Là, si elles suscitent admiration et amour (À une dame créole), elles éprouvent surtout le mal du pays dû aux rigueurs climatiques comme à l'âpreté humaine. D'autres fois, la douleur se mêle à l'extase (La Vie antérieure) ou s'apaise (Recueillement). A travers ses poèmes, il nous fait partager le drame qui se joue en lui et qui n'est autre que la tragédie humaine. Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes de Charles Baudelaire, englobant la quasi-totalité de sa production en vers, de 1840 jusqu'à sa mort survenue fin août 1867. En digne poète de la modernité, il cherche le beau là où la poésie classique ne s’est jamais aventurée. Il imprègne au moins trente-huit poèmes, avec des connotations variées : Parmi les impressions recueillies lors du voyage de 1841 (voir ci-après, La mer), certains parfums (iode ; goudron ; fruits exotiques) ne s'évaporeront jamais des souvenirs baudelairiens. Ces vers du "Voyage" éclairent à eux seuls l'entreprise du poète. » - Le Reniement de Saint-Pierre). Baudelaire, les Fleurs du mal, Le Livre de poche, page 335. Il est exclu de la numérotation des poèmes. le vice (« maint pauvre homme [...] soûl de son sang » -, la culpabilité (« Je sens fondre sur moi / [...] de noirs bataillons de fantômes épars, / Qui veulent me conduire en des routes mouvantes / Qu'un horizon sanglant ferme de toutes parts » -, la douleur (« Rien ne rafraîchira la soif de l'Euménide / Qui, la torche à la main, le brûle jusqu'au sang » -, l'odorat (« Je croyais respirer le parfum de ton sang » -, l'ouïe (« Comme un sanglot coupé par un sang écumeux / Le chant du coq au loin déchirait l'air brumeux » -, le toucher (« Je t'aime quand ton grand œil verse / Une eau chaude comme le sang » -, le « printemps adorable » et « son odeur » (, l'automne au beau « ciel clair et rose » (, « les noirs ennuis des neigeuses soirées » (, l'immensité d'une nature hostile (« Le navire glissant sur les gouffres amers » -, l'avidité du temps qui passe (« Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide » -, l'étendue de l'illusion (« [...] au plus noir de l'abîme / Je vois distinctement des mondes singuliers » -, la profondeur de l'ennui (« Et plonge tout entière au gouffre de l'Ennui » -, le lancinant désir de fuir la souffrance dans la volupté (, le mystère insondable d'un au-delà annonciateur de terreurs (, funeste - qui concerne ou cause la mort (, fatal - qui annonce ou accompagne la mort (, « la boîte où l'on met tous ces corps » (, ombre attendrissante d'une « Ève octogénaire » (, victime de la concupiscence et du mépris masculins (, dépourvue d'amour-propre et d'intelligence, « esclave vile, orgueilleuse et stupide », l'homme n'étant, quant à lui, qu'un « tyran goulu, paillard, dur et cupide, / Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout » (, magicienne redoutable, telle « la Circé tyrannique aux dangereux parfums » (, créature perverse et cruelle à « la griffe et la dent féroce » (, le chat-pard et l'once (variétés de serval et de panthère -, la docilité (« Et des jongleurs savants que le serpent caresse » -, soit horizontalement, quand les cinq sens physiques fusionnent dans une, soit verticalement, entre les sens physiques et un. L'au-delà s'agite à travers ses inquiétantes créatures : Enfin, le néant clôt cette longue liste et engloutit tout (Le Jeu ; Le Goût du Néant ; Le Squelette laboureur ; Danse macabre ; Femmes damnées - Delphine et Hippolyte ; Le Gouffre). Des virtuoses contemporains aussi éminents que Frédéric Chopin ou Franz Liszt n'appartiennent pas à son univers sonore. Elle traduit la phobie proprement physique qui minait Baudelaire et semble avoir préludé au mal qui l'emportera[36] (« - Hélas ! L’édition de 1861, tirée à 1 500 exemplaires, supprime les 6 pièces interdites mais en ajoute 32[10], soit un total de 126 poèmes (plus la préface Au Lecteur, présente dans toutes les éditions mais non numérotée). Baudelaire fait des Fleurs du Mal un immense poème de la vie et du monde. Ce livre, essentiellement inutile et absolument innocent, n'a pas été fait dans un autre but que de me divertir et d'exercer mon goût passionné de l'obstacle »[19]. et qui fait vivre, (...) portique ouvert sur les Cieux inconnus » (La Mort des pauvres). On connaît la pénétrante perspicacité de ses critiques d'art. » (L'Irréparable) ; Au-delà du ressenti personnel, le passé de l'humanité se pare des charmes d'un âge d'or suscitant une profonde nostalgie (J'aime le souvenir de ces époques nues ; La Géante). « Au moral comme au physique, j'ai toujours eu la sensation du gouffre. Mais il dépasse l'agréable surprise de l'anachronisme. - Les fleurs du mal, édition de 1861. Édition revue sur les textes originaux, accompagnée de notes et de variantes et publiée par Ad. Il a besoin d'un mètre suffisamment ample pour développer sa pensée. Javascript doit être activé dans votre navigateur pour utiliser toutes les fonctionnalités de ce site. Dans la poche de gauche, ces fleurs du mal ; dans la poche de droite, les contes de la folie ordinaire. Découvrez tout notre univers livres dans 20 magasins en France et en Belgique. - dans quelle tisane ? Elle est pourtant bien plus brève que Spleen et idéal. (...) Traversant (...) le fourmillant tableau » (Les Petites Vieilles) en peintre attentif au détail, il brosse dix scènes saisies sur le vif. Le 4 février 1857, Baudelaire remet à l'éditeur Auguste Poulet-Malassis[3], installé à Alençon, un manuscrit contenant 100 poèmes. Les plus anciennes pièces remontent vraisemblablement à 1841 (Une nuit que j'étais près d'une affreuse Juive et À une dame créole[1]). Les fleurs viennent du mal. Préoccupation baudelairienne par excellence et cœur de son œuvre, la mort constitue le thème principal d'au moins trente-trois poèmes (Le Mauvais Moine ; Le Guignon ; Don Juan aux enfers ; Une charogne ; Le Vampire ; Remords posthume ; Le Flacon ; La Cloche fêlée ; ''Spleen I à IV ; Brumes et pluies ; La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse ; Le Revenant ; Le Mort joyeux ; Sépulture ; Le Portrait ; Une Gravure fantastique ; Alchimie de la douleur ; Le Squelette laboureur ; Danse macabre ; Le Vin de l’assassin ; Une Martyre ; Les Deux Bonnes Sœurs ; Les Métamorphoses du Vampire ; Un Voyage à Cythère ; La Mort des amants ; La Mort des pauvres ; La Mort des artistes ; Le Rêve d'un curieux ; Le Voyage ; Un Cabaret folâtre). Les Fleurs du mal: Spleen et Idéal, Tableaux Parisiens, Le Vin, leurs du Mal, Révolte, La Mort, Les épaves (édition limitée) de Charles Baudelaire 5,0 sur 5 étoiles 1 3/5/4 « Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici » (Recueillement) ; Baudelaire résume leur désillusion en reprenant deux fois, mot pour mot, l'image suggestive des « cocotiers absents ». Mais Baudelaire préfère nettement les saisons froides. Dans les Tableaux parisiens, il place l'être humain au centre de sa création. L'admirable Recueillement (« Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille ») clôt l'œuvre en la résumant : Le dégoût du monde réel, soumis au péché, et la tristesse (le spleen) qu'il inspire (« Loin ! Tout à tour « adorable » et « trempé de boue », le printemps verdit quatre fois (À Celle qui est trop gaie ; Brumes et pluies ; Le Goût du Néant ; Paysage). Baudelaire l'invoque deux fois (Le Possédé ; Les Litanies de Satan). Mais par la suite, il s'inspirera surtout de peintures, comme dans L'Invitation au voyage où il évoque les Pays-Bas - notamment Johannes Vermeer, Pierre Paul Rubens Rembrandt et Jan van Eyck. À l'évidence, Baudelaire souffre d'hyperacousie : les sons, s'ils peuvent l'enchanter, le blessent bien souvent, physiquement comme moralement. L'ajout d'un simple adjectif lui suffit à transfigurer une expression courante en la teintant d'une couleur irréelle (« Le soleil se couchant sur la mer violette » - Le Voyage). La « fourmillante cité (...) pleine de rêves » (Les Sept Vieillards) où il a toujours vécu, les ambitieux travaux d'Eugène Haussmann l'ont transformée en un chantier permanent (« Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville / Change plus vite, hélas ! Toutefois, le vide accompagne aussi une interrogation (« Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis, / Renaîtront-ils d'un gouffre interdit à nos sondes [...] ? Sa supplique sera entendue puisque, sur ordre du garde des Sceaux, son amende sera réduite à 50 francs. Le 30 août, Victor Hugo écrit à Baudelaire : « Vos Fleurs du Mal rayonnent et éblouissent comme des étoiles ». Ces poèmes condamnés pour « un réalisme grossier et offensant pour la pudeur » et des « passages ou expressions obscènes et immorales » resteront interdits de publication en France jusqu'à ce que la Cour de cassation rende, le 31 mai 1949, un arrêt annulant la condamnation de 1857[8]. Lycée Première Français La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle « Les Fleurs du mal », focus sur dix-sept poèmes choisis Il reste marqué à jamais par le long voyage où, pensant l'assagir, son beau-père le fait embarquer en juin 1841 - il a vingt ans. Il s'enhardit à des articulations théoriquement proscrites, qui éludent la césure à l'hémistiche : Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes de Charles Baudelaire, englobant la quasi-totalité de sa production en vers, de 1840 jusqu'à sa mort survenue fin août 1867. Mais cette faculté de réminiscence s'avère équivoque : elle peut se figer dans l'attente (Le Balcon), raviver une plaie mal cicatrisée (La Vie antérieure) ou - plus rarement - susciter l'extase (Harmonie du soir). La foi catholique affirme son empreinte avec, entre autres : En filigrane, la liturgie de l'Église romaine brille de tous ses fastes : Les édifices religieux confirment cet ancrage : D'autres croyances non judéo-chrétiennes apparaissent : Sans évoquer une religion précise, plusieurs termes évoquent la foi : À l'évidence, Baudelaire - fils d'un prêtre défroqué - s'exprime en chrétien qui accepte, voire réclame la souffrance en rémission de ses péchés (Les Phares ; L'Imprévu). Les trois sections suivantes constituent autant de tentatives d'atteindre cet idéal. Il ose répartir deux hémistiches sur des sections successives. Durant ce périple qu'il déteste, maussade, il ne se mêle pas à l'équipage. Le 20 août, maître Pinard prononce son réquisitoire devant la 6e Chambre correctionnelle. Un manuscrit soigneusement copié et relié, attesté par l'ami du poète Charles Asselineau, existe déjà en 1850. Elle possède un pouvoir incantatoire dont Stéphane Mallarmé s'inspirera. » - Mœsta et errabunda) expliquent toute l'œuvre de Baudelaire. L'abattement prend souvent le visage de l'ennui, dénoncé dès le prologue comme le « plus laid, plus méchant, plus immonde » de nos vices. Plusieurs éléments peuvent déclencher une correspondance : Cependant, tel un train qu'on manque ou prend dans une mauvaise direction, la correspondance n'opère pas systématiquement. Extrait; Feuilleter. Pour le féliciter d’avoir été condamné par la justice de Napoléon III, il lui écrira même, dans sa lettre du 6 octobre 1859, que l’ouvrage apporte « un frisson nouveau » à la littérature. L'œuvre choque par son inspiration maléfique, le caractère morbide, sensuel ou … L'image du gouffre ou de l'abîme revient avec une insistance obsessionnelle. « Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large » (Le Beau Navire) ; À quatre reprises (Bénédiction ; Les Phares ; Un voyage à Cythère ; L'Imprévu), Baudelaire s'adresse à lui. Deux animaux fascinent Baudelaire : le chat et le serpent. Spleen et Idéal ouvre les Fleurs du Mal. Pas moins de dix-huit poèmes évoquent un jeu de reflet. Il exprime une compassion touchante (voir plus loin, L'empathie), rare à son époque, pour ces êtres déracinés : Une vingtaine de pièces évoquent le poète. Positivement, la mer « rauque chanteuse » symbolise : La mer résume donc toute l'ambivalence des sentiments de Baudelaire, qui peuvent l'embarquer pour l'enchantement comme le noyer dans le désespoir. Sa vocation s'affirme de plusieurs façons. - Livre audio : Les fleurs du mal (et autres pièces), éditions Thélème : 164 poèmes lus par 4 comédiens : M. Piccoli, G. Gallienne, D. Lavant et E. Caravaca En amont : lecture (ou écoute) du recueil. Seules six pièces sont régulières (Bohémiens en voyage ; Parfum exotique ; Sed non satiata ; Le Possédé ; Le Cadre ; La Lune offensée). Cette partie donne son nom au recueil. Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon ; II nage autour de moi comme un air impalpable ; Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon Et l'emplit d'un désir éternel et coupable. D'un perfectionnisme scrupuleux, le poète se corrige beaucoup, y compris sur les épreuves d'imprimerie[47]. » - La Musique). Les fleurs du mal avec 1 CD audio. Dans Le Rêve d'un curieux où, « enfant avide du spectacle », il met en scène sa propre mort de façon saisissante, Baudelaire suggère même une « vérité froide » et « sans surprise » : « la toile était levée et j'attendais encore »... Affronté avec un « désir mêlé d'horreur », l'au-delà ne présente rien d'autre que les contours imprécis - et décevants - d'une « terrible aurore ». Bien plus, il ose s'affranchir d'une règle grammaticale en accordant au masculin, au lieu du féminin, le mot amour utilisé au pluriel (« leurs amours défunts » - Spleen I). Dans cet univers des sens, autant - voire plus - que les couleurs ou les sons (avec lesquels il peut toutefois se combiner, comme l'exprime le sonnet Correspondances), le parfum joue un rôle capital. 3/9 « Et des flots. Il est même frappant de constater que bien souvent - surtout à la fin du recueil - ces pièces se succèdent chronologiquement, comme si Baudelaire s'était temporairement habitué à un rythme plus léger : De même, la combinaison de mètres différents lui permet d'échapper à la régularité trop pesante de l'alexandrin pour traduire une large variété de sentiments : Baudelaire affectionne les formes courtes, propices à la condensation de sa pensée. La foi chrétienne marque tout le recueil. Cette vive appréhension a pu naître - ou s'exacerber - lors du naufrage qui écourta le périple de 1841 (voir ci-dessous, La mer). Au fond de l'inconnu, pour trouver du nouveau !". Le sang répandu résume la cruauté humaine (« La fête qu'assaisonne et parfume le sang » - Le Voyage), voire divine (« [...] malgré le sang que leur volupté coûte, / Les cieux ne s'en sont point encore rassasiés ! Le sommeil provoque des résultats positifs variés : Mais saisi par la crainte du vide (voir ci-après), Baudelaire avoue : « J'ai peur du sommeil comme on a peur d'un grand trou » (Le Gouffre). Pourtant, son exigence morale et sa soif spirituelle l'incitent à restaurer, par le biais d'ineffables correspondances, un monde idéal où règnent le Beau et le Bon. Cette première section dresse un bilan : voué de toute éternité à la faute, au mal et à une souffrance rédemptrice (Bénédiction), le monde réel inspire à Baudelaire un dégoût et un ennui qui vont jusqu'à lui faire envier « le sort des plus vils animaux » (De Profundis clamavi) et causent chez lui une tristesse profonde qu'il nomme le « spleen ». FLEURS DU MAL. Mais il peut fonctionner à rebours. Certains poèmes sont publiés avant la parution du recueil dans différentes revues (certains dans la Revue des Deux Mondes par exemple). Baudelaire se réfugie dans la vie quotidienne de l' « énorme Paris » dont il explore « les plis sinueux des vieilles capitales. « En tout climat, sous tout soleil, la Mort t'admire » (Danse macabre) ; le reflet dans un miroir suscite la tristesse, voire le dégoût mêlé de remords lorsqu'il s'agit de sa propre image ; le souvenir éveille un regret nostalgique ou ravive des blessures souvent anciennes et mal cicatrisées ; la beauté physique provoque un désir érotique jamais assouvi, trouble et empreint de culpabilité ; les sensations physiologiques deviennent insupportables (les parfums s'affadissent, virent à l'aigre ou au rance et écœurent ; les couleurs se délavent ou aveuglent ; stridents, les sons agressent). Il est rapatrié dans des circonstances imprécises. Sur les 163 pièces composant les Fleurs du Mal, on compte : Baudelaire affectionne le sonnet puisqu'il l'utilise dans plus de quatre poèmes sur dix. Mais il s'interroge aussi sur le mystère de l'au-delà (Le Rêve d'un curieux ; Le Voyage). Le 21 août, le jour même du procès, Baudelaire et ses éditeurs sont condamnés, pour délit d’outrage à la morale publique, à respectivement 300 et 100 francs d’amende et à la suppression de 6 pièces du recueil : Les Bijoux, Le Léthé, À celle qui est trop gaie, Lesbos, Femmes damnées et Les Métamorphoses du Vampire. remboursements. Découvrez toutes les rencontres et événements prévus dans les magasins Furet du Nord. L'image de la Femme ponctue tout le recueil. Plus rarement, l'enchantement s'installe (Le Balcon ; Harmonie du soir ; L'Invitation au voyage). En août 1857, l'ouvrage condamné pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs » est expurgé de 6 pièces. Près d'une moitié n'échappe pas au spleen (Une nuit que j'étais près d'une affreuse Juive ; Confession ; La Cloche fêlée ; L'Examen de minuit). Cette construction reflète le désir d'ascèse de Baudelaire, dans une quête d'absolu. Une quarantaine de pièces font allusion à la mer, qui miroite explicitement dans au moins dix-huit poèmes. Mais l'inverse n'est pas systématiquement vrai : une construction non régulière peut accompagner l'enchantement (Correspondances). Jules Barbey d'Aurevilly manifeste son admiration. Parti de Bordeaux pour Calcutta, le Paquebot de Mers du Sud fait naufrage en septembre à l'île Maurice et à la Réunion. Napoléon III avait fait de l'Église catholique romaine un allié politique (l'impératrice Eugénie était une catholique fervente et influente). Ce titre avait été suggéré à Baudelaire par un de ses amis, l'écrivain et critique littéraire Hippolyte Babou. Les Fleurs Du Mal: Auteur: Charles Baudelaire: Édition: réimprimée: Éditeur: Poulet-Malassis et De Broise, 1857: Original provenant de: l'Université du Michigan: Numérisé: 26 mars 2008: Longueur: 252 pages : Exporter la citation: BiBTeX EndNote RefMan On peut rappeler que sa grand-mère paternelle (1717-1782) s'appelait Marie-Charlotte Dieu[42]... Dieu est cité une bonne quinzaine de fois (J'aime le souvenir de ces époques nues ; Hymne à la beauté ; Les Ténèbres ; L'Horloge ; Les Petites Vieilles ; La Destruction ; L'Âme du vin ; Le Vin des chiffonniers ; Le Vin de l'assassin ; Le Vin du solitaire ; Lesbos ; Le Reniement de Saint-Pierre ; Abel et Caïn ; Le Voyage ; Le Gouffre ; Le Rebelle). Au fond de l'inconnu, pour trouver du nouveau !". Cette édition, parue en Belgique en février 1866, comprend 23 poèmes. L'être humain traverse des « forêts de symboles » qu'il peut et doit déchiffrer, dont les « confuses paroles » recèlent « une ténébreuse et profonde unité » et possèdent « l'expansion des choses infinies ». Audace suprême, ces hémistiches constituent, à eux seuls, trois sections à part entière au sein d'un long poème : Le 20 avril 1857, 9 pièces sont publiées dans la Revue française. Dans l'un de ses projets de préface, Baudelaire se prétend « porté à la dévotion comme une communiante ». Nées d'une volonté de transcendance (Élévation), les tentatives de dépasser cet accablement s'avèrent presque toujours décevantes. Fleursdumal.org is dedicated to the French poet Charles Baudelaire (1821 - 1867) and his poems Les Fleurs du mal (Flowers of Evil). Pour préciser sa pensée, il l'utilise volontiers accouplé, uni par la conjonction et. Évitant toute sensiblerie, elle vise : Avec une sollicitude non exempte de tendresse, elle se penche sur le sort des plus humbles : La compassion de Baudelaire s'étend même : Baudelaire rajeunit la structure du vers. Elle publie les 6 poèmes condamnés ainsi que Mœsta et errabunda, de la section Spleen et Idéal. Loin ! L'édition de 1861 comporte une section nouvelle intitulée Tableaux parisiens. Le 6 novembre, Baudelaire écrit[9] à l’impératrice : « Je dois dire que j’ai été traité par la Justice avec une courtoisie admirable, et que les termes mêmes du jugement impliquent la reconnaissance de mes hautes et pures intentions. En effet, « mal » peut signifier « maladie », puisque Baudelaire dédie à Gautier « ces fleurs maladives ». Certes, il se souvient de son périple maritime de 1841 mentionné au chapitre précédent. Les images se renvoient l'une à l'autre, en de multiples et savants jeux de miroirs qui expriment la désolation hivernale. Les Fleurs du mal est composée de six sections et d'un poème préliminaire ou prologue, " Au Lecteur ". 2/3/4/3 « L'horloge, à son tour, dit à voix basse : "il est mûr" » (L'Imprévu) ; La Géante évoque « comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux ». Des termes comme « sang chrétien » (La Muse malade) ou « bon chrétien » (Sépulture) traduisent l'enracinement de Baudelaire dans l'éducation spirituelle de son enfance. Il affirme la mission impartie au poète. Il avoue même son sadomasochisme (« Et d'autres, dont la gorge aime les scapulaires, / Qui, recelant un fouet sous leurs longs vêtements, / Mêlent, dans le bois sombre et les nuits solitaires, / L'écume du plaisir aux larmes des tourments » - Femmes damnées - Comme un bétail pensif sur le sable couchées). Un poignant et dernier poème, dédié à Maxime Du Camp, s'intitule Le Voyage. De façon novatrice, au sang peuvent s'associer plusieurs sens physiques différents de la vue : L'inexorable fuite du temps - « injurieux vieillard » (Le Portrait), « joueur avide » (L’Horloge), « ennemi vigilant et funeste » et « rétiaire infâme » (Le Voyage) - obsède Baudelaire. Si l'on exclut les pièces où elle n'est citée que pour son absence (L'Irréparable ; Brumes et pluies), la lune éclaire une douzaine de poèmes, dont deux lui sont exclusivement dédiés (Tristesses de la lune ; La Lune offensée). Dans ses attendus, la Cour énonce que : « les poèmes faisant l’objet de la prévention ne renferment aucun terme obscène ou même grossier et ne dépassent pas, en leur forme expressive, les libertés permises à l’artiste ; que si certaines peintures ont pu, par leur originalité, alarmer quelques esprits à l’époque de la première publication des Fleurs du Mal et apparaître aux premiers juges comme offensant les bonnes mœurs, une telle appréciation ne s’attachant qu’à l’interprétation réaliste de ces poèmes et négligeant leur sens symbolique, s’est révélée de caractère arbitraire ; qu’elle n’a été ratifiée ni par l’opinion publique, ni par le jugement des lettrés ». Avec … Toutefois, il confie à Poulet-Malassis sa crainte qu'une fois imprimé, le volume « ressemble trop à une plaquette ». Cette nécessité imprévue a-t-elle dopé son inspiration ? Le sang obsède littéralement Baudelaire. Les Fleurs du mal, MDCCCLVII-MDCCCLXI. Au moins onze poèmes y font allusion. Les impressions de l'écorché vif qu'est Baudelaire s'impriment en lui comme sur une toile et l'emplissent des souvenirs accumulés (« J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans » - Spleen II). ». Absence de son, le silence s'apparente à une musique absolue (La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse), évocatrice d'éternité (Les Aveugles ; Rêve parisien). 2/3/7 « Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes » (Au Lecteur) ; L' « implacable hiver » inspire encore plus Baudelaire. Le sadisme s'accompagne de masochisme quand Baudelaire affirme : « Je suis de mon cœur le vampire » (L'Héautontimorouménos). Comme indiqué plus loin au chapitre consacré à la mer, son voyage pour les Indes de 1841, bien qu'écourté par un naufrage, lui laissera des souvenirs intenses - visuels, olfactifs, auditifs - qui alimenteront constamment son inspiration. Seuls trois conduisent à l'idéal (Tristesses de la lune ; Les ténèbres ; Les Yeux de Berthe). Rompant avec un romantisme qui, depuis un demi-siècle, loue la Nature jusqu'à la banaliser, elle célèbre la ville et plus particulièrement Paris. Baudelaire, les Fleurs du mal, Le Livre de poche, pages 305-306. » - Le Goût du Néant). Comme Victor Hugo, il pratique l'alexandrin trimètre, à trois coupes égales : Il poursuit les humains sous toutes les latitudes (« Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici » - Le Voyage). 1 en octosyllabes, hexasyllabes et tétrasyllabes. 8/4 « Comme un homme monté trop haut, pris de panique » (Châtiment de l'orgueil) ;